La Confiance

 

               Parmi les "États d'esprit", humeurs ou sentiments partagés au travers de mes textes et images, la Confiance est l'un des plus beaux ressenti. Pourtant elle est si fragile, que lorsque on a le bonheur de la trouver, on fait tout pour la garder et ne pas la trahir.

                 La Confiance, c'est se sentir bien avec l'autre, en harmonie, c'est être soi-même, sans la peur du jugement ni celle du rejet. Le premier berceau de la confiance est la famille, c'est le nid, là où nous devrions être le plus protégé et aimé. C'est la mère, qui comprend tout, pardonne tout. Le père qui protège et est le rempart face aux dangers. Bien sûr, c'est une représentation idéale, impossible : Déjà enfant, nous découvrirons peu à peu, et dans le meilleur des cas, que nos parents ne sont pas parfaits, mais des êtres humains avec leurs imperfections. Pourtant, si tout au début de notre existence, nous avons ressenti cet amour absolu et inconditionnel qui est l'amour de nos parents, nous serons armés pour affronter les complexités d'une vie.

                 Le deuxième cercle où nous devrions être en confiance, est la fratrie. Souvent c'est le cas, mais la jalousie et les rancoeurs peuvent créer des fossés, et aussi des ruptures. Puis, plus tard, le lieu où nous aurons vraiment besoin de confiance est le couple. Elle y sera à rude épreuve, tant nous désirons une entente parfaite, et cet espoir d'être compris sans les mots, l'illusion que l'Amour est souverain. Loin de là, il est fragile, d'autres composants intervenant et fragilisant cette confiance, comme la sexualité, la jalousie, les réalités matérielles. Pourtant je pense que la confiance existe dans un couple, mais elle demande des efforts, de la tolérance, et de la philosophie.

                 L'Amitié aussi souffrira, quand la confiance sera trahie. Mais c'est moins grave, on se passe plus facilement d'un ami que d'un parent ou d'un conjoint. L'amitié, c'est partager des passions, des moments de vie, et des secrets. Être soi-même et se sentir bien dans une relation simple, sans défiance, procure de la joie. Si la perfidie se glisse dans une relation amicale, avec ses coups bas, médisances et mensonges, c'est que le lien est intéressé, égoïste et ne sera jamais honnête. C'est un lien à fuir. C'est pour ces raisons que, finalement, nous comptons nos vrais amis sur les doigts d'une mains. L'Amitié est rare.

                 Je parlais de secrets, parce que nous pouvons nous confier aux vrais amis : Dans "confiance" il y a "confier", c'est le principe même de l'amitié, de pouvoir se livrer, et en étant ainsi vulnérable, nous sommes à la merci de la qualité de cette amitié. Laisser le temps nous instruire sur nos relations, avant de s'épancher. Je me souviens du début d'une amitié et d'avoir manqué à cette confiance, par légèreté, en révélant une confidence, parce que je n'avais pas encore réalisé la dimension de ce lien. J'ai mal agi, et je m'en repens encore aujourd'hui. Ce souvenir fait partie de mon "continent noir", comme je l'appelle. Continent est un bien grand mot, je ne saurais l'évaluer, mais l'espace est plus restreint, heureusement.

                 Cette confiance envers nous-même, cette confiance qui rejoint la conscience est comme une lutte intérieure incessante entre le bien et le mal, en essayant toujours de surmonter nos faiblesses, ou même parfois de les accueillir et de les assumer. Sur mon continent noir se rassemblent ainsi mes manquements, mes mauvaises décisions, mes remords. Au soir d'une vie, pour qui a une probité, il est bien de revenir sur nos erreurs, tenter de les comprendre, de les accepter ou d'en avoir de profonds regrets. Avoir confiance en soi, en son jugement, c'est aussi se regarder soi-même, en tout conscience et lucidité.

                 Souvent je me demande s'il faut croire en un au-delà pour interroger sa conscience sur ce que l'on a fait de bien et de mal. Essayer de comprendre pourquoi nous avons mal agi, et de réaliser les conséquences de nos actions sur autrui. Je pense à ceux qui ont commis des crimes, tué et fait souffrir, ont-ils eu tellement confiance en leur choix de vie, qu'ils ne se sont jamais questionnés sur un châtiment éventuel ? Pourtant je pense que l'absence d'empathie est aussi refuser de s'analyser, ni eux-mêmes, ni la vie en général, comme une cécité de l'âme.